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Sasha's Fanfictions
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4 juin 2009

[FIC Suspendue] Andréa - Chapitre 2

Chapitre 2 : Sarah


Sarah.

Elle s'appelait Sarah.

La pointe de ses longs cheveux qu'elle avait natté distraitement en observant d'un œil critique la carte des boissons, balayait sensuellement le bois poli et brillant de la table du café où elle avait entraîné Andrea.

Elle bougeait sans cesse : sa tête contre la banquette, ses épaules sous son petit pull, ses mains sur la table lisse, ses jambes entre les pieds de la table, et bien sur... ses yeux.

Sautant d'objets en objets, de personnes en tabourets, de bouteilles en vitres, de tasses vides en rires étouffés, son regard transperçait tout en quelques secondes, regardant sans voir... ou peut-être était-ce l'inverse ?

Elle respirait l'impatience, l'énervement, l'exaspération.

Pourtant ce petit café calme qu'elle avait choisi était paisible: peu de gens, de la tranquillité, un serveur poli et discret.

Andrea se sentait bien, et curieusement l'état nerveux de la jeune allemande ne l'agaçait pas mais au contraire l'apaisait en quelque sorte, la confortait dans sa calme tranquillité.

Un drôle de silence s'était installé.

Pas vraiment gênant, pas vraiment à l'aise... plutôt indifférent.

Une tasse de cappuccino était apparu devant la française qui sourit à la vue de la mousse onctueuse qui recouvrait le breuvage brûlant.

Sarah en face avait entreprit de siroter son "Schweppes Agrumes", sa petite bouche déjà brillante de sucre et ses doigts fins tortillant nerveusement sa paille.

Le patron lui lança depuis le bar :

- Sarah, je mets ça sur ton compte ?

Elle lui fit un vague signe de la tête, la paille entre les dents. Il prit ça pour un oui, et griffonna sur un carnet derrière le bar. Ainsi c'était une habituée, pensa distraitement Andrea en soufflant sur son café, avant d'y tremper ses lèvres.

La paille retomba au fond du verre à moitié vide, et sa voix froide résonna de nouveau dans l'espace confiné du coin où se trouvait leur table :

- Alors comme ça, tu vas à l'Ecole Française ?

Andrea hocha la tête, et se contenta de fixer l'allemande sans rien dire.

- Tu viens de France ?

- ...oui...

Un petit silence reprit place, tout comme la paille entre ses lèvres. mais Sarah, malgré son ton froid et désintéressé, semblait curieuse d'en savoir plus.

- Tu parles jamais plus que ça ?

- Je préfère regarder...

Un léger mouvement de la mâchoire, l'esquisse difficile sur les lèvres, plissement presque invisible des yeux...

Premier sourire.

Et Andrea se jura de faire tout pour en revoir un autre traverser ce visage si fermé.

- Et écrire aussi, nan ?

- ...

- J'ai lu ce que tu as écrit dans ton carnet.

- ... ah...

Sarah ne paraissait ni honteuse, ni coupable, seulement désinvolte. Et au final Andrea préférait ça, des excuses et des "pardons" ne lui auraient rien apporté de plus.

- J'ai fait un peu de français à l'école, j'aime bien les tout petits poèmes, ceux de trois vers.

- ...des haïkus...

- Quoi ?

- Ce sont des haïkus, des poèmes japonais... enfin à l'origine ils sont japonais, mais ceux du carnet sont...

- De toi, c'est ça ?

- Mmmm...

- Et à part écrire en traînant dans les rues et aller au lycée, tu fais quoi de ta vie ?

- ... de la photo...un peu...

- Et tu prends quoi ?

- Les instants oubliés... les moments d'éternité...

Ce regard bleu qui la fixait, Andrea ne le connaissait pas, après tout elles ne se connaissaient pas. Pourtant... toutes les réponses aux questions qui avaient toujours sommeillées en elle sans trouver de formes propres, toutes ces réponses... juste là... au fond de cette iris, au cœur de cette pupille...

- Par exemple ?

- Par exemple...

Son regard balaya la salle sous ses mèches sombres, et s'arrêta sur une table à quelques mètres d'elles. Un femme y était assise, La trentaine, une tasse froide sur le coté, un livre ouvert devant elle, le regard perdu dans le vide, le marque-page encore entre ses doigts, la courbe de la bouche à peine esquissée.

Alors Andrea montra à Sarah, et lui expliqua.

Elle lui expliqua le regard encore trouble d'avoir trop longtemps fixé les petits caractères dans la semi obscurité, elle lui expliqua la lourdeur du papier entre les doigts fragiles, elle lui expliqua la tristesse de la bouche perdue dans l'ombre, elle lui expliqua la fatigue du poignet replié contre le livre.

Et Sarah vit comme Andrea, à travers Andrea... un instant de solitaire méditation.

Et quand Sarah regarda à nouveau Andrea, elle ne vit que son reflet dans un objectif avant qu'un léger déclic ne se fasse entendre.

- Trouble d'un battement d'ailes... Murmura la française en rangeant son appareil qu'elle avait silencieusement sortit de son sac.

Leurs yeux s'accrochèrent en une seconde de reconnaissance, une seconde de vérité, une seconde en plongé...

Puis son téléphone sonna.

Sarah devait rentrer.

Pas d'autres mots échangés, pas de rendez-vous fixés, pas de numéros donnés, juste un regard troublé.

Etrange impression celle de revenir à la réalité.

Tout ce qui suivit parut si terne à Andrea.

Elle savait qu'elle avait tord, mais que pouvait-elle faire ?

On dit qu'on ne peut choisir son cœur, que c'est lui qui décide, que les sentiments ne se maîtrisent pas... conneries.

Andrea savait qu'elle aurait put lutter, qu'elle aurait très bien put ne pas tomber... seulement elle l'avait voulu, désespérément voulu... et elle refusait se s'abaisser à accuser son "cœur", elle refusait de se voiler les yeux pour ne pas voir qu'elle était responsable, responsable de tout...

Il ne lui restait qu'une chose à faire, attendre... attendre pour s'apaiser.

Sarah ne lui laisser pas ce temps.

Elle réapparu quelques jours après leur dernière rencontre. Comme la dernière fois elle l'attendait à la sortie du lycée. Ses longs cheveux dansant libres sur ses épaules dans le vent froid du nord. A ses pieds un sac de sport, sur son dos un sac de cours. Toujours ses converses aux pieds.

Elles se fixèrent sans rien se dire, puis la voix tremblante de Sarah murmura dans le froid :

- J'ai besoin de toi...

Andrea n'avait pas posé de questions. Elle avait juste remarqué que la jeune allemande tremblait de froid, que son jean semblait bien léger pour un temps pareil, que son nez rougis par le vent lui donnait l'air vulnérable, que ses yeux où brillaient encore la fierté et l'orgueil semblaient s'ouvrirent sur un monde au bord du gouffre.

Elle l'avait amenée jusqu'à son appart. Lui avait fait un thé chaud et installée sous une couette sur le canapé. Elle l'avait regardée, et Sarah avait fini par parler.

Elle avait eu 18 ans le jour où elle lui avait rapporté son carnet. Elle avait toujours dit qu'elle partirait de chez elle quand elle deviendrait majeure. Ses parents l'avaient prise au mot, et lui avait demandé où elle comptait habiter. Elle avait toujours eu trop d'orgueil. Pour ne pas perde la face, elle était partie. Une partie de ses affaires était chez une amie, mais elle avait besoin d'un endroit où dormir pour quelques jours.

Andrea lui avait juste dit que son canapé clic-clac resterait là pour un bon moment encore et que ça tombait bien, elle avait deux oreillers.

Sarah avait alors sourit.

Et Andrea se dit qu'elle avait eu raison, ce sourire valait toutes les collocations du monde.

Quand l'allemande posa ses lèvres sur les siennes, Andrea essayait encore de fixer son sourire dans ses souvenirs.

La jeune française la fixa sans réagir.

Sarah se recula et la toisa du regard, visiblement vexée de son manque de réaction. La brune se contenta de l'observer le regard encore vacillant.

- Tu n'as pas besoin de faire ça.

Elle ne voulait pas de ça. Pas d'un baiser donné pour un "merci". Pas d'un baiser sans suite. Pas d'un baiser froid et sans douceur.

- Là, tu es en train de m'insulter.

Un sourire, de nouveau. Cette fois légèrement arrogant, plein de morgue et d'aplomb. Curieusement, un sourire qui parut comme pour cacher une tendresse soudaine.

Andrea rougit brusquement, et pencha légèrement la tête, se dissimulant derrière ses cheveux sombres.

- Je suis une fille.

- Je sais.

- Tu sais ?

- Tu me prends pour qui ?

Andrea se fit la réflexion qu'elle n'avait jamais vu Sarah aussi calme et sereine, ses yeux brillaient d'espièglerie, mais elle respirait la tranquillité.

La blonde se pencha de nouveau vers elle, et la brune se dit que finalement le clic-clac ne servirait pas à grand-chose...

Un petit colis lui était arrivé de France. Une lettre de ses parents, un petit mot de son frère, une belle écharpe pour cet automne froid de son père, les gants assortis de sa mère, un CD de son frangin. Une photo au fond complétait le paquet, ils se tenaient tout les trois dans un parc que reconnu Andrea, de hauts arbres couverts de feuilles couleur sang et or, le vent faisant voler leurs cheveux, ils riraient sous ce vent joueur.

Ces éclats de rires résonnaient presque aux oreilles d'Andrea, à travers la musique qu'elle avait mis avant d'ouvrir le paquet.

Elle aurait voulu les voir, leur parler, les serrer.

Nach Dir Kommt Nichts ne l'aidait pas vraiment à se remonter le moral.

Internet ne faisait pas tout.

Elle ne leur avait pas dit pour Sarah. Elle avait peur et préférait la leur présenter en chair et en os, plutôt que leur annoncer dans une lettre.

Même Emma ne savait pas.

La jeune allemande habitait toujours chez elle. Elle allait toujours au lycée, et communiquait avec ses parents, mais refusait de retourner chez eux malgré leurs demandes. Elle avait voulu aussi partir de chez Andrea au bout de deux jours, pour ne plus "l'encombrer" comme elle disait, mais la française avait catégoriquement refusé.

Elles avaient fini par trouver un accord, et Sarah payait les dépenses de nourriture avec l'argent que lui donnait ses parents pour vivre.

La porte d'entrée claqua et Sarah entra dans l'appartement. La photo s'était envolée sur le parquet jusque dans l'entrée. La blonde se pencha et la ramassa, déroulant son écharpe d'autours de son cou. Un silence s'installa, Andrea observait nostalgiquement le ciel gris par la fenêtre.

La photo repri place sur la table basse devant elle, et Sarah se laissa tomber en tailleur à coté d'elle sur le tapis.

- Je crois qu'on a besoin d'une petite sortie toutes les deux.

- ...une sortie ?

- Ouais. Mon cousin m'a invitée à une petite soirée ce week-end, j'avais complètement oublié, mais il vient de me rappeler. Ca te dirait d'y aller ?

- Une soirée ?

- Mmmm... y'aura pas grand monde, y'a jamais beaucoup de gens, mais je connais la plus part de ses potes, et ils sont sympa.

- C'est samedi ?

- Ouais, alors ça te dis ?

- Ok...

- En plus ça sera l'occaz pour que vous vous rencontrez... c'est un peu mon meilleur pote tu vois...

- ...oui...

Une boule de stress s'était pourtant formée dans la gorge d'Andrea qui sentait à présent l'appréhension l'envahir. Comme elle, Sarah n'avait pas vraiment d'amis, juste quelques connaissances, et comme elle son meilleur ami était un de ses cousins, qui avait à peu près son âge. L'image d'une Emma au masculin lui traversa l'esprit, et Andrea se rendit aussi compte que sa petite amie devant être aussi anxieuse qu'elle. Après tout si c'était elle qui allait présenter Sarah à Emma, elle ne se sentirait pas très rassurée.

La grande brune se sera contre la petite blonde, et dans la chaleur de leurs peaux, dans la douceur de leurs cheveux emmêlés, dans la tendresse de leur étreinte, elles tentèrent de se réconforter.

C'est étrange comme tout ce que vous adorez vous semble agaçant quand le stress s'empare de vous.

Andrea maintenait appuyée la touche d'avance rapide sur la télécommande de son lecteur DVD, s'arrêtant de temps en temps sur une scène de son film préféré, soupirant d'agacement au bout de trois seconde et demi, avant de ré-appuyer sur la touche rageusement. N'en pouvant plus elle finit par éteindre le petit poste de télé, avant d'attraper son appareil photo sur la table basse.

Manipulant habilement l'engin, elle fit quelques règlements, avant de s'immobiliser, l'objectif braqué sur la porte fermée de la salle de bain. Quelques secondes passèrent, avant que la porte ne s'ouvre. Sarah en sortit, enroulée dans un long drap de bain, dont le bout traînait derrière elle, se séchant les cheveux avec l'aide d'une autre plus petite serviette. Son regard se releva, cherchant Andrea, et un léger déclic résonna dans la pièce.

- Intolérable sensualité.

Une petite moue faussement agacée apparut sur les lèvres ourlées de l'allemande.

- And' ! Le petit surnom résonna sur le ton plaintif et boudeur de la blonde. Je devrai de faire payer à chaque photo...

- Mais je paye ! S'exclama Andrea d'un air scandalisé.

- Ah oui ? Sarah redressa élégamment son sourcil droit. J'aimerai bien savoir comment !

- Avec mon corps.

Les yeux bleus de la blonde s'agrandir de surprise, avant qu'elle n'éclate de rire joyeusement. Un autre déclic retentit.

- Éclat d'un instant.

Sarah eut un sourire lumineux, avant de monter dans la petite mezzanine pour s'habiller.

Quelques minutes plus tard Andrea sortit de la salle de bain à son tour lavée et habillée. Comme à son habitude elle s'était vêtue de vêtements larges et assez masculins, un jean foncé un peu large, un T-shirt à manche longue et des converses (que Sarah lui avait offert la veille). Elle enfila un long pull à cotes bleu nuit, et secoua négligemment ses mèches en pagaille avant de s'immobiliser pour regarder Sarah attacher ses propres converses ultra hautes en cuir noir et aux lacets vert sombre.

"C'est dingue le nombre de converses qu'elle peut avoir..." Pensa la française en la détaillant.

Les chaussures lui arrivaient jusque sous les genoux, le reste des ses jambes protégé par des collant noirs visibles jusqu'au milieu de ses cuisses, où se terminait sa jupe de velours vert forêt. Elle portait le même petit pull moulant noir à col roulé que le jour où elles s'étaient parlées pour la première fois.

Andrea se secoua un peu la tête avant d'aller prendre son portefeuille sur son bureau pour le glisser dans la poche arrière de son jean. Quand elle se retourna, Sarah l'attendait déjà à la porte, son petit sac à dos rond noir sur les épaules.

Ce ne fut que dans l'ascenseur qu'Andrea remarqua que les yeux légèrement maquillés de Sarah l'attiraient plus sûrement qu'une tablette de chocolat, et que sa bouche brillante de gloss était une tentation trop forte pour ses hormones.

Quand les portes s'ouvrirent deux étages plus bas, la petite vieille du premier eu un léger sursaut en voyant ces deux jeunes dans "cette cage de malheur" comme elle se plaisait à l'appeler. C'est vrai qu'elles étaient légèrement décoiffées, un petit peu essoufflées, et si on y regardait de plus près on pouvait constater leurs lèvres un peu trop gonflées pour être innocentes.

Le taxi les déposa plusieurs minutes plus tard devant un immeuble du quartier chic de la ville. Elles descendirent et payèrent la course avant que Sarah ne sonne à l'interphone. Une voix masculine lui répondit, elle dit seulement son nom, l'appareil grésilla une seconde avant que la lourde et imposante porte ne s'ouvre.

Quelques étages plus hauts, elles sonnèrent de nouveau, sur la sonnette cette fois-ci. De la musique étouffée s'échappait de l'appartement, et des bruits de voix, de rires, et de pas s'approchant de la porte parvenait jusqu'à Andrea. Elle sentit ses entrailles se tordre dans son estomac, et son cœur battre fort contre ses cotes.

Et si il ne l'appréciait pas ?

Et si il ne savait pas que Sarah était homosexuelle ?

Et si il était homophobe ?

Et si il ne le supportait pas et la jetait de chez lui ?

Et si...

La porte s'ouvrit.

Taille moyenne, blond, yeux noir et rieurs, mais avec cette petite tristesse comme dans ceux de sa cousine, un grand sourire aux lèvres...

Sarah se jeta dans ses bras et il la serra en retour contre lui, avant qu'ils ne se séparent et que la jeune fille se tourne vers Andrea.

- Gus', je te présente And' !

Sarah fit un sourire rayonnant à la brune avant de lui dire :

- And', voilà mon cousin préféré... Gustav !

A suivre...

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